Brendan Dupray* explique comment le Kazakhstan utilise des solutions innovantes pour réduire la pollution de l’air et de l’eau due aux déchets industriels.
L’exploitation minière constitue une menace pour l’environnement. Après l’extraction des métaux précieux du minerai, qui s’accompagne souvent de l’utilisation de produits chimiques, des millions de mètres cubes de résidus contaminés sont laissés sur place et empilés dans des bassins de décantation. Ils sont la source de nombreux problèmes environnementaux : particules de poussière fine dans l’air, pollution des eaux usées, glissements de terrain et effondrements de barrages, comme ce fut le cas lors du tristement célèbre incident survenu dans la région brésilienne de Brumadinho, dans une installation de Vale, en 2019.
Le Kazakhstan, pays d’Asie centrale riche en ressources, a adopté une approche scientifique pour réduire les dommages environnementaux causés par les digues à résidus. Le Sustainable Kazakhstan Research Institute (SKRI) a mis au point une technologie permettant de créer une barrière végétale pour capturer les particules nocives de l’air (“phytocapture”) à proximité des exploitations minières. À l’aide du logiciel ENVI-met et d’un ordinateur puissant, l’institut a procédé à une modélisation en 3D et a calculé qu’une plantation d’arbres et d’arbustes bien calculée autour des mines pouvait réduire la pollution atmosphérique de 40 %.
Le SKRI est allé au-delà de la recherche scientifique et a mis en œuvre la technologie de la phytocapture dans la société d’extraction d’or Altynalmas au Kazakhstan. Près de la décharge de la mine d’Aksu, les employés du SKRI ont planté l’année dernière des rangées d’arbustes de chalef argenté, qui atteignent jusqu’à 1,5 mètre de hauteur et capturent efficacement les grosses particules de poussière. Le deuxième périmètre est planté de rangées d’érables et d’ormes qui, en raison de leur hauteur et de la densité de leur couronne, peuvent capter les petites particules de poussière transportées par le vent. Au fur et à mesure que les arbres poussent, le projet est en passe d’atteindre une réduction de la pollution atmosphérique estimée à 40 %.
Cette année, la SKRI a lancé un projet similaire dans une autre société Kazakhstanaise d’extraction d’or, RG Gold, détenue en copropriété par le fonds américain Resource Capital Fund. Il est prévu de planter des milliers d’arbres et d’arbustes dans le cadre de ce projet. Les employés de SKRI estiment qu’il est important d’améliorer la situation environnementale au Kazakhstan et de protéger la santé des citoyens vivant à proximité des exploitations minières.
Selon les estimations des Nations unies, la pollution atmosphérique touche 99 % de la population mondiale et provoque 6,7 millions de décès prématurés par an. À chaque respiration, les gens inhalent de minuscules particules qui peuvent endommager les poumons et entraîner des problèmes cardiovasculaires. Les plus dangereuses de ces particules sont les particules fines d’un diamètre inférieur à 2,5 microns (PM 2,5), celles-là mêmes que l’on trouve dans l’air à proximité des digues à stériles.
En mai de cette année, la Commission économique des Nations unies pour l’Europe (CEE-ONU, l’une des cinq commissions régionales des Nations unies, qui comptent 56 pays) a organisé une conférence régionale sur la convention relative à la sécurité des installations de gestion des résidus et à la prévention des accidents industriels. Lors de cette conférence, les solutions de l’Institut de recherche du Kazakhstan durable ont été présentées comme les meilleures pratiques en matière de sécurité des digues à stériles.
En tenant compte des besoins de l’industrie, le SKRI a également commencé à développer deux solutions environnementales principales pour réduire la pollution de l’eau provenant des eaux usées minières. La première consiste à planter des arbres dans des “puits” spéciaux constitués de matériaux imperméables qui permettent au système racinaire d’absorber les polluants présents en profondeur dans le sol.
Une autre solution consiste à placer des tapis spéciaux de charbon biologique et de tourbe au fond des canaux ou des cours d’eau afin d’absorber les polluants. L’entreprise néerlandaise Tauw Engineering a placé de tels tapis au fond d’un canal pollué près d’une ancienne usine d’asphalte à Gand, en Belgique.
Le SKRI, en coopération avec Tauw, teste actuellement ces technologies au Kazakhstan et dans les bassins de résidus de la mine de terres rares d’Ak-Tuz, dans le Kirghizstan voisin.
* Brendan Dupray est le Directeur de l’Institut de recherche pour un Kazakhstan durable à l’Université de Narxoz